L'histoire commence en 1983, lorsque Guy Laurent, alors commissaire-priseur à Clermont-Ferrand, décide de racheter l’hôtel des ventes de Vichy. Trente ans plus tard, l’office vichyssois est devenu un lieu de passage prisé par les amateurs et professionnels des enchères. Plongé dans ce milieu depuis sa plus tendre enfance, son fils Etienne Laurent, entend bien continuer l’œuvre de son père.
L'histoire commence en 1983, lorsque Guy Laurent, alors commissaire-priseur à Clermont-Ferrand, décide de racheter l’hôtel des ventes de Vichy. Trente ans plus tard, l’office vichyssois est devenu un lieu de passage prisé par les amateurs et professionnels des enchères. Plongé dans ce milieu depuis sa plus tendre enfance, son fils Etienne Laurent, entend bien continuer l’œuvre de son père.
Le dévouement et la passion de son père pour ce métier si particulier de commissaire-priseur ont eu raison d’Etienne Laurent. A l’heure de choisir son orientation professionnelle, il n’a pas hésité une seconde. « Depuis que je suis tout petit je suis à la salle des ventes. Ce qui m’a donné envie, c’est la passion de mon père pour ce métier. Il m’a toujours dit que c’était un métier génial et très excitant. J’ai donc suivi les études pour faire cela ».
Une licence d’économie et un Diplôme de l'Ecole du Louvre de Paris plus tard, Etienne Laurent décroche son examen d’entrée en école de commissaire-priseur. Après avoir fait ses gammes lors de stages dans de grandes maisons de ventes à Paris et Tours, il revient à Vichy pour exercer sa profession conjointement avec son père. « L’idée c’est que l’on travaille de concert pour que par la suite il prenne sa retraite et que je reprenne le flambeau. » Si il est si déterminé à reprendre l’activité de son père, c’est que ce dernier a su donner à Vichy Enchères une renommée internationale. Cette renommée, il la doit à son astucieuse spécialisation dans la vente de lutherie et d’archets. « C’est quelqu’un qui aime beaucoup l’univers de la musique. Quand il a commencé à exercer ce métier, il s’est rendu compte qu’il n’y avait pas réellement de ventes d’instruments de musique. »
Très vite, Guy Laurent va se rendre compte que cette spécialisation est une réelle opportunité professionnelle. « Il a donc commencé à faire cela de manière plus assidue et plus sérieuse. » Bien lui en a pris car quelques années plus tard, la vente d’instruments de musique est devenue le cœur de son métier. Cette activité représente aujourd’hui 60% du chiffre d’affaire de la société. Etienne Laurent reconnaît que cette spécialité est pour beaucoup dans le bon état de santé de l’entreprise, dans un contexte économique pas réellement propice à favoriser les ventes. « Le fait d’être sur une niche du marché des enchères nous permet de rivaliser en matière d'instruments de musique avec les grandes maisons de ventes telle que Christie's ou Sotheby's qui elles couvrent tous les pans du marché de l'art.»
Dans cette branche, l’hôtel des ventes de Vichy n’a pas à rougir des grandes salles de ventes internationales comme celles de Paris ou Londres. En atteste ce record mondial enregistré récemment. « Nous avons vendu un violon Gabbrielli pour 115 000 euros, c’est un record mondial, Cela veut dire que l’on compte sur le marché. » L’enseigne Vichyssoise est aujourd’hui très bien implantée et Etienne Laurent ne cache pas sa satisfaction. « Le marché nous connaît et nous soutient bien. Les acheteurs étrangers ont confiance en nous et se déplacent jusqu'à Vichy. »
Un beau succès au regard des difficultés que connaît le marché français de l’art en dehors de la capitale. « La belle réussite de mon père est d’avoir réussi à ramener le marché à Vichy en ayant pris le pari d’organiser des ventes de très grandes envergures ici. C’est une grande satisfaction. » Ces ventes très spécialisées demandent un énorme travail en amont. Elles sont donc organisées tous les 6 mois, en juin et décembre. « On se donne 6 mois pour les préparer, pour faire des catalogues, des photos, la présenter sur internet et faire des pubs spécialisées. » Ce temps imparti à la préparation est aussi le temps nécessaire pour dénicher les objets rares et les réceptionner. Au total, ce sont plus de 1200 instruments et archets qui se vendent lors de ces enchères étalées sur plusieurs jours. Des enchères devenues au fil du temps très attendues par les acheteurs des quatre coins du monde. « A chaque fois, il y a toute une ribambelle d’acheteurs étrangers. Vous pouvez croiser dans la rue des coréens, des américains, des russes, des italiens… » Une clientèle fortunée qui n’hésite donc pas à se déplacer jusqu’à Vichy car elle s’y sent bien. « Le coté petite ville plait énormément aux acheteurs. Du coup lorsqu’ils vont à l’hôtel et au restaurant ils sont reconnus et passent un bon moment. A Londres, Hong Kong ou Paris, ils sont plus anonymes. Ici on arrive vraiment à leur offrir un service sur mesure. » Un service sur mesure qui profite à l’économie du bassin. Restaurateurs, hôteliers, prestataires de services et clients y trouvent leur compte.
Progressivement, ces ventes sont donc devenues le principal secteur d’activité de Vichy Enchères. Néanmoins, les deux commissaires-priseurs vichyssois ont d’autres cordes à leur arc et n’oublient pas le fond de leur métier. Le reste de l’année il le consacre à des enchères classiques. « C’est ce que l’on fait toute l’année. Tous les jeudis on organise une vente où on vend de tout ». Leur activité s’étend à tout ce qui touche au domaine de l’antiquité. Des objets d’art, des peintures, des livres anciens, le panel est très large. Etienne Laurent rappelle que « Le commissaire-priseur est avant tout un généraliste. »
Une profession de généraliste à deux visages. « Le rôle du commissaire-priseur et de faire les expertises d'objets d'art et de les vendre aux enchères. Notre travail au quotidien consiste à aller chez les gens, à leur faire prendre conscience de la valeur de leurs œuvres d'art et enfin à les conseiller dans le cas où ils souhaitent s'en séparer ».
Les objets trouvés et le travail d’expertise fait, les Laurent père et fils endossent un tout autre costume. Chaque jeudi, c’est avec leur marteau qu’ils dirigent d’une main de maître les enchères. Une vraie mise en scène durant laquelle ils vont tenter de faire monter le prix des enchères avant de les adjuger au plus offrant. « La vente est l'un des côtés très agréable du métier. Cela s’apparente à du théâtre. Il faut animer la salle, la faire rire. Les gens sont alors beaucoup plus enclins à acheter. Nous sommes des acteurs devant notre public. »
Les enchères sont très appréciées des vichyssois. Des dizaines de personnes s’y pressent à chaque fois. Si pour beaucoup, c’est un endroit où l’on peut faire des affaires, c’est aussi pour certains un temps d’échange et de rencontre. « Sur les ventes du jeudi ce sont des gens du coins, des particuliers. Les gens qui cherchent à se meubler savent qu’il y a du très beau mobilier pour pas très cher ici. » La veille, une exposition des objets mis en vente est ouverte aux potentiels clients pour qu’ils puissent se faire une idée des biens qu’ils seront susceptibles d’acheter le lendemain.
Une méthode bien ficelée pour une entreprise qui se porte bien. Vichy Enchères emploie 6 salariés. « Nous avons 3 magasiniers, et 3 collaboratrices. Une comptable, une chargée de communication et un clerc, chargée de préparer les ventes. » A eux viennent s’ajouter Etienne et Guy Laurent ainsi que des intervenants extérieurs. « On travaille beaucoup en partenariat avec les notaires. Dans le cadre de succession, les personnes héritent d’une maison avec des objets. Et la majorité des objets que l’on vend provient de succession. » Ils travaillent également avec un transporteur chargé d’acheminer les biens vendus auprès des clients. Enfin, lors des ventes spécialisées, ils font appel à cinq experts reconnus dans le monde de la musique qui analysent au mieux la qualité des instruments mis en vente. « Nous faisons appel à eux car nous, nous sommes des généralistes. Quand cela devient trop pointu on s'appuie sur leurs compétences. »
Si Vichy Enchères semble ne pas subir les déboires du marché économique mondial c’est également dû à la faculté de ses dirigeants à savoir se servir au mieux des améliorations technologiques. Grâce à leur téléphone, les acheteurs ne pouvant se rendre directement sur place peuvent suivre les enchères en direct. Des collaborateurs présents dans la salle leurs transmettent l’évolution des enchères en temps réel. « Cela fonctionne très bien. Lors d’une vente de mobilier et d’objets d’art nous avions enregistré 120 ventes par téléphone sur 400 objets vendus. » Mais la principale nouveauté vient d’internet. Avec cet outil, les gens peuvent au préalable repérer les produits. Mieux encore ! Depuis peu, c’est en ligne qu’ils peuvent suivre les enchères. « Nous installons une caméra dans la salle et vous pouvez suivre la vente sur internet. C’est assez récent, cela fait 3 ou 4 ventes que nous procédons ainsi. Ça permet d’être complètement flexible. C’est un gros avantage, une même personne peut suivre 5 ou 6 ventes. »
Interrogé sur le développement futur de l’entreprise, Etienne Laurent a aussi sa petite idée. « L’objectif est de rester spécialisés dans les instruments de musique et même d’étendre le panel comme nous venons de le faire avec les guitares électriques. Cette nouveauté a bien marché, c’était porteur. Nous avons aussi pour objectif de nous développer sur d’autres secteurs comme celui des livres de musique (partitions anciennes gravés, méthodes…). »
Etienne Laurent voit loin et entend bien ouvrir Vichy Enchères à l’international. « Nous allons beaucoup travailler à l’échelle européenne et internationale car nous sommes désormais bien implantés sur la marché français ».