Arrivée à sa Direction artistique il y a 27 ans, Diane Polya-Zeitline s’est vouée corps et âme à redorer le blason de l’Opéra de Vichy. Alors que le rideau se lève sur son ultime programmation estivale, la Voix va résonner dans toutes ses tessitures.
Arrivée à sa Direction artistique il y a 27 ans, Diane Polya-Zeitline s’est vouée corps et âme à redorer le blason de l’Opéra de Vichy. Alors que le rideau se lève sur son ultime programmation estivale, la Voix va résonner dans toutes ses tessitures.
De G à D : Marie-Catherine Moinel, Diane Polya-Zeitline, Agathe Margottat et Valérie Henriet
Considérée dans les années 50 comme « la capitale d’été de la musique », Vichy renoue une fois de plus avec la voix. « Doté d’une acoustique frôlant la perfection, l’Opéra de Vichy sert d’écrin aux plus belles d’entre elles. »
En guise d’au revoir, Diane Polya-Zeitline a composé un programme lyrique « particulièrement éblouissant », à déguster de juin à octobre prochains.
Avec « Poésie ? », le timbre de Fabrice Luchini, conteur de textes littéraires à l’élocution si particulière, servira de mise en bouche le 24 juin 2017.
La soprano Sabine Devieilhe et la contralto Marie-Nicole Lemieux pour chanter Mozart, Rossini, la mezzo Béatrice Uria-Monzon pour rendre hommage à Maria Callas, le ténor Sébastien Guèze pour enchanter «Une nuit de Séville à Venise », ou encore le contre-ténor Damien Guillon qui viendra célébrer « Bach et l’Italie », sans oublier celles de la distribution tels Nicolas Cavallier, Riccardo Novaro, Maria Rey-Joly, Lucia Cirillo … participant au « Don Giovanni » en ouverture des XIVe Rencontres lyriques européennes : « ce ne sont là que quelques-unes des voix qui feront vibrer les 1400 spectateurs de cette salle magique, qui me donne encore le frisson à chaque représentation… »
Un parcours sans fausse note
Diane Polya-Zeitline est une passionnée de culture qui ne cultive pas la sensiblerie, préférant stimuler la sensibilité artistique présente en chacun. Née au Liban, après des études classiques et une formation théâtrale, elle décide de partir suivre des cours de psychologie aux États-Unis. De retour à France, devenue attachée de presse au Festival Estival de Paris en 1980, elle renoue avec la musique qui a marqué son enfance.
Dix ans plus tard, c’est une Parisienne cosmopolite, pourvue de son enthousiasme ainsi que d’un carnet d’adresses bien rempli, qui prend les rennes de l’Opéra de Vichy. « Je suis reconnaissante à Claude Malhuret de m’avoir donné carte blanche. Lorsque la Ville en est devenue propriétaire, il m’a confié la Direction artistique de l’Opéra en 1990 ; il m’a également donné les moyens de lui rendre sa splendeur et de lui faire vivre de nouvelles heures de gloire. »
Diane Polya-Zeitline tombe sous le charme des lieux, dont elle s’attache dès lors à rétablir la réputation. « Les têtes d’affiche les plus prestigieuses se sont produites sur sa scène durant la première moitié du XXème siècle : de Germaine Pape, Georges Thill, Joséphine Baker à Maurice Béjart, en passant par Luis Mariano, ils avaient fait les beaux jours de la station thermale très en vogue.
De style « Art nouveau » unique en son genre, la salle de l’Opéra bénéficie d’une restauration complète en 1995. Afin d’accueillir artistes et spectateurs l’année durant, le chauffage est installé. « Nous avons fait le choix gagnant d’une programmation exigeante et éclectique répartie sur deux temps forts, avec une saison à dominante musicale l’été, plus théâtrale l’hiver. »
Femme de tête et d’émotions partagées
Tandis que le projet artistique se construit, Diane Polya-Zeitline forme son équipe ; son Administrateur, Marie-Catherine Moinel arrive à ses côtés en 1993, suivie par Valérie Henriet puis Agathe Margottat. Elle constitue un pool technique que dirige Thierry Piessat et que toutes les maisons d’opéra nous envient. Ainsi que le souligne Marie-Catherine Moinel, « l’énergie de Diane est communicative, elle nous a appris à nous battre ensemble contre vents et marées pour monter des spectacles et faire venir des talents à la hauteur de ses ambitions pour l’Opéra. »
Avec toujours une volonté affirmée : celle de s’ouvrir aussi bien aux artistes confirmés qu’aux interprètes en devenir, et le souci de promouvoir la jeune création contemporaine et le spectacle vivant. « Troupes et orchestres viennent régulièrement en résidence ; source inépuisable d’inspiration, Vichy constitue un lieu propice aux rencontres et à la création.
J’ai le privilège de partager avec le public de merveilleux moments de musique, de danse, d’humour et de théâtre. Joyau hérité du siècle passé, l’Opéra de Vichy c’est aussi – et d’abord – un grand corps vivant, un bouillon de cultures où les plus belles voix lyriques se mêlent à celles des comédiens, où les corps de ballets entraînent le public dans des expériences sensorielles inédites et souvent renversantes.»
Parce que pour Diane Polya-Zeitline « l’exigence n’est pas synonyme d’élitisme » et que le courant artistique passe bien dans ces lieux intemporels, de nombreuses actions sont mises en place pour favoriser la venue d’un public sans cesse élargi. « Ma joie, c’est de faire salle comble grâce à des spectacles de qualité accessibles au plus grand nombre ! »
Un désir à transmettre
Les répétitions générales d’opéras sont ouvertes aux scolaires, « 600 élèves de la maternelle au lycée, ont pu assister à celle du « Didon et Énée » de Purcell en octobre 2016 », sans oublier les résidents d’Ehpad ou des malades en hôpital de jour sur l’agglomération. Et Valérie Henriet de préciser que « des places sont aussi réservées pour les personnes en fauteuil roulant », les écoles de danse ainsi que les harmonies musicales locales bénéficiant quant à elles de conditions privilégiées.
Soutenue par la Mairie, cette politique d’accès à l’Opéra pour tous s’accompagne de visites guidées conduites par l’Office de Tourisme et de Thermalisme (OTT) et s’appuie sur des subventions des collectivités territoriales qui permettent de pratiquer des tarifs abordables. Un partenariat s’est instauré au fil des saisons avec des entreprises désireuses d’entretenir des bonnes relations auprès de leurs salariés ou de leurs clients invités par leurs soins.
Soirées de gala, concerts-déjeuners du dimanche matin ou ateliers de pratique artistique mis en place avec le concours du Centre National du Costume de Scène (CNCS) se suivent sans jamais se ressembler, soutenus par les acteurs économiques et relayés par les médias locaux. S’inscrivant dans le cadre de coproductions régionales et totalement équipé pour accueillir les meilleures productions françaises et européennes. « Disposant d’un encadrement technique performant, ce théâtre à l’italienne offre un cadre à l’exubérance architecturale incomparable. »
Diane Polya-Zeitline et Étienne Béchet de Balan
Confrontée à la baisse des budgets des collectivités et désireuse de conforter sa place de grande scène lyrique, Diane Polya-Zeitline se félicite de la création de l’association des Amis de l’Opéra de Vichy (AOVi) en février 2016. « Son Président Étienne Béchet de Balan figure parmi nos premiers mécènes ; menées en toute indépendance les actions de l’AOVi permettent de financer nos projets et d’amplifier notre notoriété. » Pour 2017, la participation de l’AOVi s’est avérée déterminante concernant la présence des chœurs de l’Opéra de Vichy aux représentations de Don Giovanni les 23 et 24 septembre.
«Tous ceux, abonnés ou non, qui veulent soutenir la qualité de la programmation de l’Opéra et contribuer à son rayonnement sont les bienvenus dans nos rangs ! » Fort de quelque 65 membres inscrits en un an d’existence, Étienne Béchet de Balan rappelle « la volonté affirmée de l’AOVi de sensibiliser les jeunes à la musique et aux arts ». L’association entend les accompagner avec l’appui des enseignants, qu’il s’agisse de l’initiation dans les collèges et les lycées ou de l’organisation de transports collectifs pour assister aux spectacles.
Au-delà de sa vocation culturelle, l’Opéra est devenu un facteur de développement majeur pour l’agglomération vichyssoise. Renforçant l’attractivité de son territoire, l’Opéra de Vichy constitue « un atout pleinement intégré aux enjeux du Pôle métropolitain Clermont Vichy Auvergne, créé pour devenir le territoire d’équilibre de l’Ouest de la Région Auvergne Rhône Alpes. » (Claude Malhuret)
Affichant un excellent taux de remplissage (entre 80 % et 99,9 % pour la saison d’hiver 2016), il est à l’origine de retombées économiques non négligeables, bien que difficilement quantifiables. Chaque année, les participants aux spectacles (artistes, techniciens, habilleurs, etc.) génèrent 1500 nuitées en moyenne. « L’Opéra est le joyau qui orne la couronne de Vichy, reine des villes d’eau ; il attire des spectateurs en provenance de la région, mais aussi de beaucoup plus loin. » Les Services touristiques et animations dont Philippe Gendre est responsable à l’OTT ont mis en place des « packages » courts séjours adaptés au tourisme culturel, une dizaine d’hôtels proposant un hébergement spécifique lors de certains spectacles.
Diane Polya-Zeitline tirera sa révérence à la fin de l’année, pour devenir une « simple spectatrice ». « Porté par une équipe exceptionnelle d’une quinzaine de salariés, l’Opéra de Vichy va continuer sa route. Ce lieu magique a dorénavant tout d’un grand pour poursuivre ses envolées lyriques et transmettre aux futures générations un héritage dont nous ne sommes que les modestes passeurs… »
Opéra de Vichy – 1, rue du Casino 03200 Vichy.
Direction artistique : 04 70 30 50 44 / Fax 04 70 30 50 51
Sites internet : www.opera-vichy.com et www.amis-opera-vichy.fr
L'Opéra ouvre ses portes à tous le 6 mai !
Rédaction Véronique Durupt- Carnets économiques de Vichy Val d'Allier Développement
Voir aussi l'article de La Montagne de la dernière saison d'été de Diane Polya-Zeitline