Le (re)décollage de Safran Electrical & Power

Publié le 27/10/2022

Le groupe Safran, leader mondial des systèmes électriques aéronautiques, est implanté sur tous les continents. Parmi les 75 établissements français, le groupe compte un site à Charmeil, pour la filiale Safran Electrical & Power. Ses 155 collaborateurs, sous la direction de Marc Boyer, sont des spécialistes du câblage, au service des plus grands noms de l’aéronautique civile, militaire et spatiale. Un fleuron de l’industrie en plein rebond après la crise mondiale de l’aéronautique.

Safran, ce sont aujourd’hui 76 000 collaborateurs dans le monde, répartis au sein de 13 sociétés (filiales et joint-ventures), présentes sur tous les continents et qui ont généré 15,3 milliards de chiffre d’affaires en 2021. Un poids mondial, qui en fait le 3e groupe aéronautique hors avionneurs. Sa filiale Safran Electrical & Power maîtrise tous les aspects de la conception et de la production des systèmes électriques aéronautiques : génération, distribution et conversion d’électricité, câblages, gestion de charge, et intégration des systèmes. Des solutions globales, optimisées et sur mesure pour chaque client.

Des opérateurs experts du câblage aéronautique et spatial

Le site de Vichy-Charmeil, basé à proximité des pistes de l’aérodrome, appartient à la division « Interconnection Systems Eurasia », et s’est spécialisé dans la conception et production de câblages électriques, aussi appelés harnais électriques. Sur les 7 000 m² du site, cette adjonction de câbles est réalisée à la main par des opérateurs formés (essentiellement des femmes), avec une expertise et minutie de chaque instant autour de 6 familles de produits. La dextérité de leur travail, permet l’alimentation des commandes de bord, systèmes embarqués ou de ventilation, pour l’aéronautique civile, militaire et le spatial. Parmi leurs plus importants marchés : l’aviation commerciale avec Airbus, l’aviation d’affaires avec Dassault et ses avions Falcon, l’avion de combat Rafale, mais aussi des systèmes pour le propulseur Ariane. Depuis 2016, le site développe aussi une activité de maintenance et réparation, avec des agréments européens américains, canadiens et chinois. « 60 % de notre activité est consacrée aux équipements pour Dassault et en grande majorité pour le Rafale, 15 % de l’activité est assurée par des contrats pour Airbus et 20 % en réparation. Le reste de notre activité est mené autour de missions du secteur spatial, notamment pour accompagner la transition entre Ariane 5 et 6 », précise Marc Boyer qui dirige les sites de Vichy et Ajaccio depuis juillet 2021.

Safran Vichy — Marc Boyer – photo Pierre Soissons

Marc Boyer, un directeur de terrain

Arrivé en 2004 au sein du groupe, il est un pur exemple des belles évolutions de carrière, encouragées par Safran. « Diplômé de l’École nationale supérieure d’arts et métiers, j’ai été recruté par SAGEM et j’ai vécu en 2005 la fusion avec la SNECMA qui a fait naître le groupe Safran. Le groupe nous incite toujours à favoriser la mobilité interne afin de valoriser et développer nos compétences. Changer d’usine, de division, de pays nous offre de grandes opportunités d’enrichissement » explique celui qui a multiplié les expériences et les postes : ingénieur et responsable méthode, responsable d’unité de fabrication mécanique, gestion de la marque industrielle à Toulouse, responsable du programme A380 puis du programme des harnais moteur et réparation moteur. « Cette première direction de site est une belle opportunité, qui répond en plus à ma volonté de revenir au plus près des produits, en usine. J’aime ce travail d’équipe et j’ai la chance d’avoir trouvé, à Vichy, des collaborateurs aux connaissances et compétences techniques très importantes. Notre élan positif doit beaucoup et à la stabilité des équipes et à leur expertise ». Safran a en effet racheté en 2001 la société Labinal, créée en 1921 et spécialisée dans le câblage depuis les années 60 sur le bassin vichyssois.

Cap sur la digitalisation et le bien-être des équipes

En plus d’une feuille de route importante en matière de décarbonation pour tout le groupe, le site de Vichy met en œuvre 3 axes de développement prioritaires : l’innovation participative accélérée notamment par l’impression 3D, la digitalisation, ainsi que l’optimisation des postes de travail. Basée sur des métiers très dépendants du facteur humain, l’activité doit être sécurisée par des outils digitaux facilitant le travail et le suivi. Des suites e-traçabilité, e-follow, e-plan sont ainsi progressivement mises en place. Dans les innovations récentes, on peut noter des apports digitaux d’informations, qui permettent par exemple d’éclairer les entrées de connexion des câbles, parfois minuscules, afin de limiter les erreurs et faciliter le quotidien des opérateurs. Les postes de travail ont aussi été repensés et réadaptés pour limiter les troubles musculosquelettiques et favoriser l’ergonomie : poste gaucher ou droitier modulable, plan de réduction des incidents bénins, sensibilisation au port des équipements EPI… « Nous souhaitons continuer à être reconnu pour nos conditions de travail favorables. En début d’année, nous avons dû recruter 20 personnes en interim et 1 en CDI sur des fonctions supports. Le bassin d’emploi, avec de nombreuses personnes déjà formées au travail minutieux en cosmétique ou maroquinier est intéressant pour nous », analyse Marc Boyer, qui voit des horizons plus radieux pour l’avenir de l’usine.

Rebond des activités grâce à l’innovation

Corrélée à celle de ses clients, l’activité du site a évidemment été très impactée par la crise sanitaire. En 2020, l’aéronautique était complètement à l’arrêt au niveau mondial et l’usine tournait au ralenti en effectifs très réduits. Après des mois difficiles et malgré une reprise pas encore au plus haut, notamment sur les gros porteurs d’Airbus, l’activité reprend et le volet réparation a même presque atteint son niveau de 2019. Un secteur alimenté notamment par l’arrivée en réparation des premières séries de moteur LEAP-1A, que l’usine de Charmeil conçoit en neuf et dont elle connait parfaitement la technologie. Equipant la famille d’avions monocouloirs de nouvelle génération Airbus A320neo, ces moteurs permettent des diminutions de 15% de la consommation de carburant et des émissions de CO2. L’innovation est aussi au cœur des enjeux d’avenir. « Le développement de Dassault, par exemple, nous oblige dans le bon sens du terme, car nous devons suivre son énergie de croissance. La modernisation en cours du Rafale génère de nombreux prototypes.

En 2021, nous avons travaillé sur celui du Rafale monoplace et cette année, c’est le prototype du biplace qui occupe une énorme place dans notre activité. Dans les années à venir, d’autres demandes de prototypes sur les mêmes standards devraient suivre pour les armées françaises et étrangères. Des contrats sont aussi en cours pour soutenir la reconversion du Falcon pour des opérations maritimes ainsi que pour la reconnaissance militaire, avec un premier avion équipé pour la fin de l’année », précise Marc Boyer. De belles perspectives pour le groupe Safran et le bassin vichyssois.