Depuis 60 ans, les Caves Max Jourdain de Cusset sont un point de ralliement pour les fins palais et les néophytes, en quête de conseils et de belles histoires vinicoles. Patrick Jourdain, l’actuel dirigeant, est un caviste indépendant engagé et fier promoteur de cet emblème national, qui a dû évoluer avec son temps.
Dans les années 60, alors que le vin ne s’achète pratiquement qu’en futs, Max Jourdain quitte son poste de directeur commercial d’une grande maison de café à Paris, pour devenir marchand de vin à Cusset. « Cette reprise, c’était une opportunité. Papa s’est d’abord installé Place Louis Blanc à Cusset et il ne vendait qu’en gros à des épiceries, restaurateurs, bars ou à des particuliers. Moi à 4 ans, je suis tombé dans une cuve de Corbières, mais contrairement à Obélix et la potion magique, j’ai toujours le droit d’en boire », se souvient avec malice Patrick, qui a repris l’entreprise en 1984, après avoir aidé sa mère à la mort de son père. Depuis 2020, il dirige aussi L’artisan Caviste à Saint-Pourçain-sur-Sioule.
Valoriser le meilleur du patrimoine français
Très vite, Patrick Jourdain s’investit aussi dans les organisations de promotion de son métier, qu’il défend comme un art précieux. Il est ainsi l’un des premiers adhérents de la Fédération des Cavistes indépendants (FCI), dont il a été co-président de 2006 à 2013. Il est, depuis 2019, président du Syndicat des cavistes professionnels (membre fondateur), il siège au CA de la Confédération Générale de l’Alimentation en Détail (CGAD) et auprès de FranceAgriMer, au conseil spécialisé vin pour le ministère de l’Agriculture. Des missions qui lui tiennent à cœur, afin de préserver un savoir-faire agricole d’exception et de lutter contre des préjugés liés à son métier et son secteur d’activité.
La sélection des Caves Max Jourdain, parmi les 70 meilleures caves en France du Gault et Millau en 2012, fut une belle reconnaissance du travail de son dirigeant et de son équipe, fervents défenseurs du métier de caviste. « Notre métier, c’est de l’humain avant tout, des échanges, du conseil évidemment, mais aussi de raconter les histoires de cépages, de vignerons, de terres vinicoles pour lesquels on devient des ambassadeurs. Toute l’année, je suis au cœur des vignobles, auprès de ces hommes et femmes qui aiment leurs terroirs, leurs vignes et qui ont à cœur de faire les meilleurs vins, entre respect de la tradition et innovation », insiste Patrick Jourdain, toujours aussi passionné, 40 ans après ses débuts. Il regrette néanmoins certaines lois françaises trop restrictives à son goût et le refus de l’État de faire du vin, un vrai produit culturel reconnu comme en Italie. Ce dirigeant est également un homme de transmission, tant pour ses équipes que pour des confrères. Il est ainsi président du jury du concours du meilleur caviste de France. Titre qu’il a lui-même obtenu, en reconnaissance de son travail par ses pairs. Véritable encyclopédie de l’art œnologique et des vins, il sélectionne les redoutables questions posées aux candidats : « Je révise en même temps, car c’est un métier qui évolue sans cesse, notamment au travers des textes de lois ».
Répondre aux nouveaux besoins
Mais le métier a aussi suivi les habitudes de consommation des Français. Alors qu’on buvait en moyenne une feuillette de vin (une petite barrique), soit 130 litres par habitant dans les années 60, la consommation actuelle de vin par habitant représente moins de 40 litres en France. « Aujourd’hui, la grande majorité des gens ne consomment du vin qu’occasionnellement. Nous sommes passés d’un produit ‘’aliment’’ à une approche plus intellectuelle, avec des échanges entre connaisseurs. Les clients ont soif d’apprendre la culture du vin. Nous cavistes, nous prônons le mieux boire, pour une consommation raisonnable et raisonnée », explique le chef d’entreprise. Mieux boire, c’est aussi mieux apprécier les spécificités des vins, via des dégustations, des découvertes œnologiques et des accords mets-vins audacieux, qui changent des classiques. Un autre aspect du métier de caviste indépendant, qui aime valoriser tous les terroirs et titiller les papilles avec des nouveautés.
Dans les caves Max Jourdain, les clients peuvent ainsi découvrir de plus en plus de vins Bio, ou issus de pratiques vertueuses. « Aujourd’hui 60 à 70 % des vignerons font du Bio sans forcément avoir le label ou le mettre en avant et certains depuis plus de 30 ans. Ce sont des amoureux de la terre, qui savent qu’on ne fait que l’emprunter aux générations futures. Ils ont à cœur de transmettre une terre vivante, avec des pratiques au service de l’environnement. » Autres tendances, les vins et pétillants désalcoolisés, qui répondent à une demande émanant des femmes enceintes ou de personnes avec des soucis de santé. Les caves sont aussi des lieux de découverte de jus de fruits, eaux, spiritueux ou bières, faisant la part belle aux produits locaux et français et aux découvertes du monde. « Il ne faut pas avoir peur de passer les portes d’un caviste ou le faire uniquement au moment des fêtes ou pour un cadeau. On peut trouver des vins pour tous les budgets, avec en plus un conseil sur mesure et de belles découvertes, mais en insistant toujours sur la juste mesure. J’ai l’espoir que la France reste un grand pays de gastronomie, qui défend le vin, un terroir que 50 millions de touristes viennent aussi découvrir chaque année. »
Chaque année, Patrick Jourdain accompagne également la création des cartes de vins, d’une vingtaine de restaurants du bassin vichyssois, avec un fonds de roulement assuré par des livraisons deux fois par semaine. Un caviste, au métier complet, qui défend le riche savoir-faire des artisans du bon goût.
24 Rue Ampère, 03300 Cusset / 04 70 98 39 79
Voir la fiche des Caves Max Jourdain dans l’annuaire économique
Rédaction Bénédicte Rollet NOTA Bene, pour les carnets économiques de Vichy Économie
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